J'humai ainsi durant de longues minutes, l'odeur qui se dégageait de votre cabine, et y distinguai certaines notes qui m'étaient familières. C'était par une chaude nuit d'été, alors que nous avions mangé barbecue, que ma mère, bien après l'heure du coucher, se releva précipitamment pour aller faire sa basse besogne. Non solide, ce qui sortit était un magma informe. L'odeur qui s'en dégagea parvint jusqu'à ma chambre d'enfant. Non loin de me dégoûter, cette odeur me marqua. C'était pour moi l'odeur des vacances, l'odeur de ma mère. Si j'avais été Marcel Pagnol, mon livre ce serait appelé "La Gloire de ma Mère" tant j'aurais pu écrire, pour lui rendre hommage, sur ce qui venait de se passer ce soir là. L'odeur resta jusqu'au petit matin, où elle disparut presque comme par magie. C'était la dernière fois que je vis et sentis ma mère. Une intoxication alimentaire foudroyante, l'arracha à ma vie. Et ma dernière vision d'elle, fut une camionnette blanche dont s'échappait une étrange substance visqueuse, dont je ne pus m'empêcher de toucher. C'était là, le dernier Caca de ma Mère.
Jamais plus je ne sentis la force de cette merde. Et vous chère amie, ce que vous venez de faire, me la rappelle fortement. Je vous espère plus en forme qu'elle alors. Et, si vous passez la nuit, j'aimerais vous inviter à diner.