>>89813
Très vrai pour l'improvisation. C'est d'ailleurs un des éléments qui me rend hermétique à ce genre (qui est fondé sur l'improvisation, dixit tous les puristes): j'ai du mal à apprécier (en concert) un musicien tâtonner, explorer, chercher le "truc", même si je perçois le talent.
On dit cependant que les grands, notamment pendant la période Baroque, composait de cette façon. Je ne connais pas parfaitement l'Histoire de la Musique, mais travaillant souvent des pièces de Bach, ça ne m'étonnerait pas. Il a porté la science du contrepoint tellement loin et avec un tel génie mélodique que ses mains devait très probablement "fonctionner tout seul" en face à un clavier. On dit aussi que les mélodies jaillissaient chez Mozart qui composait en jouant au billard…
Le romantisme a amené des pièces qui semblent plus "écrites" ou en tout cas moins spontanées et dont le génie tient aussi aussi bien de l'harmonie que de la sophistication de l'orchestration (Wagner, Puccini, etc.).
Pour ton argument sur la partie rythmique, je ne peux te répondre qu'avec "le coeur". Pour moi la grande musique européenne est bel et bien celle qui exprime la palette d'émotion la plus variée. C'est très subjectif bien sûr, mais tout y est. Je ne vois pas exactement ce que tu entends par spectre négatif, mais aucun morceau ne transcende plus le vague à l'âme que l'Adagio du concerto 23 pour piano de Mozart (je me permet de citer cet exemple car il est résume plus clairement ma pensée qu'un paragraphe). Une expression rythmique trop "extravertie" ne peut pas laisser s'exprimer autant d'émotions (mais peut-être qu'un jour j'aurais une "révélation" pour le jazz.
Tous les amateurs de jazz me disent "Ah, mais t'aimes le manouche parce que c'est pas du vrai jazz !". C'est peut être un délire d'initié, en tout cas je ne saurais pas te dire quelle est la part de second degré là dedans. Moi en tout cas j'aime bien le manouche, je trouve ça vif et imagé, presque "impressionniste" dans l'esprit, avec une sorte de rythme "citadin", qui peut aussi bien évoquer la contemplation de la ville sur toit ou une course poursuite dans les ruelles.