Du drame qui s’est joué à l’aéroport international de Bâle-Mulhouse-Fribourg, situé dans le Haut-Rhin, à la frontière avec l’Allemagne et la Suisse, il ne reste aujourd’hui aucune trace apparente. Ni fleurs ni couronne. Pas même une plaque commémorative qui rappellerait aux visiteurs que le 27 avril 2011, dans le huis clos de l’imposante tour de contrôle, un homme a été violemment assassiné.
Seuls demeurent les souvenirs, angoissants, et les interrogations, nombreuses. A commencer par la plus lancinante : la mort du chef de tour, Jean Meyer, tué de onze coups de hachette par l’un de ses collègues, a-t-elle empêché un massacre de plus grande ampleur ?
Il est 7 h 50 ce mercredi d’avril 2011 quand Mathieu L., contrôleur aérien, tombe sur le corps inanimé de son supérieur, Jean Meyer. L’homme de 34 ans baigne dans une mare de sang, à la sortie de l’ascenseur, au 11e étage de la tour de contrôle. La police, qui arrive sur cette scène de crime ultrasensible quelques minutes plus tard, s’oriente immédiatement vers la piste d’un autre aiguilleur du ciel, Karim Ouali, dont la veste est retrouvée au 8e étage. Il a été aperçu par deux agents dans cette partie du bâtiment très sécurisée – il faut badger à deux reprises et introduire dans l’ascenseur une clé spéciale pour y accéder.
Les registres sont formels : Karim Ouali s’est introduit dans la tour de contrôle à 7 h 35 et a quitté les lieux à 7 h 49, soit quelques instants après l’heure présumée du meurtre. Une présence matutinale incongrue. Et pour cause, ce contrôleur aérien de 34 ans est en arrêt maladie depuis près de trois mois. Souffrant de troubles psychologiques et d’un sentiment de persécution sur ses origines algériennes, de la part de ses collègues, l’ingénieur avait été renvoyé chez lui par la direction.
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