À moins de 25 ans, j’ai compris que le chemin vers la crédibilité
serait long, très long… En espérant y arriver un jour!
En 2003, lorsque j’entre en Bureau politique, il ne me faut
que quelques réunions pour me rendre compte de la guerre des
clans, du bal des médiocres et surtout de cette appétence pour
l’argent. C’est le règne des faux-semblants, des faux-amis, tout
n’est que calcul. Ceci étant, Le Pen a une autorité naturelle
qui fait que les engueulades montent en intensité jusqu’à un
certain degré, la limite à ne pas franchir s’impose à tous. Côté
boulot, c’est toujours la même chose, beaucoup de problèmes
qui passent de main en main. Des spécialistes des « y a
qu’à », « faut qu’on » et « on devrait plutôt ». Des heures de
parlotte… La figure forte du chef, c’est la clef de voûte, sans
elle tout s’écroule. Le reste n’a guère de contenance.
En 2011, sous l’ère Marine Le Pen, les Bureaux politiques
donneront le change pendant un temps. La rupture avec
l’ancien monde et l’attrait pour la nouveauté laissent souvent
à penser que les choses vont aller dans le bon sens. Le BP
n’est certes qu’une instance où ses membres n’ont pour la
plupart qu’une seule activité, celle d’opiner du chef lorsqu’on
les sollicite mais on a au moins l’impression que le fonctionnement
de la boutique s’améliore un tantinet. Après les
européennes de 2014, toutes les apparences s’effondrent.
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Quand Marion Maréchal-Le Pen
est là, la tante ne cesse de guetter ses réactions, elle s’inquiète de
la moindre contrariété qui pourrait chiffonner sa chère nièce.
Elle grogne sur l’impudente que je suis lorsque j’ose contester
les choix de Marion. Elle me fait penser au loup Oméga qui
se couche sur le dos et tend son cou au loup Alpha en signe
de soumission. C’est incroyable et surtout choquant! Elle n’a
aucune assurance, aucune autorité! Les rapports entre les deux
femmes sont étranges. La nièce est parfois presque gênée par
le débordement d’intérêt en public de sa tante. Toutes ces
courbettes la mettent mal à l’aise.
Et ces phases où tantine court s’excuser auprès de sa nièce.
Durant la campagne présidentielle, il y a eu cet épisode fin
mars 2017, où, interrogée pour le magazine Femme Actuelle sur
le fait de savoir si elle prendrait Marion Maréchal Le Pen dans
son gouvernement en cas de victoire, Marine Le Pen répond
par la négative : « Je ne dois rien à personne, je n’ai d’ascenseur
à renvoyer à personne » et d’ajouter « elle est jeune, assez raide
c’est vrai ». La réplique ne se fait pas attendre. Marion explique
qu’elle n’a rien demandé. La nièce est furax et le fait savoir
en interne, tous ses relais mettent la pression sur la tante, quiflanche. Au lieu d’assumer ses propos, elle les atténue, indiquant
qu’elle n’a pas exactement dit cela, qu’une fois encore les journalistes
ont mal interprété ses propos – « Ah ces foutus journalistes,
s’ils n’existaient pas il faudrait les inventer! » Bref, elle
angoisse, la nièce en joue à loisir, fait monter les enchères, on
entend dire au QG du faubourg Saint-Honoré qu’elle pourrait
se retirer en pleine campagne. Tantine finit par appeler sa nièce
et par s’excuser platement. Cette dernière accorde son pardon,
l’incident diplomatique est évité de justesse, les courtisans
reprennent leur souffle et repartent flatter les deux femmes.
Lors des CNI, Marine lève la tête, lunettes sur le bout du
nez, son regard cherchant l’approbation de Marion, « C’est
OK pour toi? », « Marion, ton avis? » peut-on entendre. Elle
est stressée, pas du tout sereine lorsque sa nièce est là.
Elle se méfie aussi de son secrétaire général Nicolas Bay. Lui,
c’est une anguille ou plutôt un serpent, il se faufile habilement,
distille son venin sur tel ou tel candidat qui n’est pas de sa
chapelle, ment comme il respire et mord lorsque l’on s’en prend
à l’un de ses protégés. Il est perfide. Il y a des gens comme
ça qui ne peuvent masquer ce qu’ils sont, Bay en fait partie,
indéniablement. Et, même si elle le tourmente avec un réel
plaisir, elle redoute l’animal. On dirait qu’elle en a peur. Elle
nous en a fait des numéros sur les cathos tradi, se moquant
d’eux violemment, « je sais qu’ils me détestent », « mais tu
les as tous fait revenir Nicolas! », « encore une grenouille de
bénitier ». Elle s’amuse à malmener les sectaires proches de
Bay. Il n’empêche que ce ne sont là que des paroles et que les
actes donnent raison au secrétaire général puisque ses sbires
sont investis, en position éligible s’il vous plaît. Sur les 350 et
quelques conseillers régionaux élus en décembre 2015, je peux
avancer sans trop me tromper que plus des trois-quarts sont
hostiles à la ligne « ni droite, ni gauche » de la présidente du