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Absolument ridicule et fantaisiste.
Dans un registre assez fantaisiste d'ailleurs, même si ça l'est moins que ce que tu affirmes, l'inverse radical est professé par certains.
Je cite :
Les empereurs romains, dans leur ensemble, ne se soucièrent jamais beaucoup de pureté raciale. Leurs remplaçants dans ce qui devait devenir la France, après une période de mariage entre aristocratie franque et noblesse gallo-romaine , y rétablirent le système d’exclusivité raciale qui existait avant leur arrivée, avec les Gallo-Romains dans le rôle des castes serviles. La possession de sang germanique servit de justification au cadre théorique Oratores – Bellatores – Laboratores du Moyen-Âge. Ce souci ségrégationniste fut réactivé lors de l’apparition de la noblesse de robe, qui non héréditaire, mais acquise à titre onéreux en tant qu’office anoblissant dans les finances ou la justice, indignait la vieille noblesse d’épée. La littérature de l’Ancien Régime en témoigne :
– L’abbé Jean Le Laboureur (1623-1675) parle dans son ouvrage « Histoire de la Pairie de France et du Parlement du Roi » parle des Francs comme ayant « constitué la première noblesse dans la France, dont la fonction était de servir à la guerre, et laquelle n’avait point de privilège plus particulier, que celui de posséder franchement un certain fonds de terres, lequel fut assigné à chacun de ces Francs, qui le faisaient valoir par l’industrie de leurs serfs, c’est-à-dire de ce qui restait du même peuple gaulois dans le pays conquis »
– Le comte Henri de Boulainvilliers (1658-1722) , dans son « Etat de la France » écrit à propos des Gaulois devenus serfs par une force étrangère et des « noms de Saliques et de Nobles (…) synonymes qui figuraient proprement les conquérants de la Gaule et leur postérité» . Pour lui, le véritable Français, c’est le descendant du germanique, le Gallo-Romain n’étant là qu’à titre de propriété mobilière.
La noblesse se voulait et s’affirmait donc franque, ainsi qu’en témoigne l’appellation des Etats fondés par les Croisés dans la foulée de la première croisade, la roture étant gauloise, gallo-romaine. La séparation entre les deux était hématique. Par réaction, les thuriféraires de la révolution de 1789 se proclameront Gaulois, tel Théophile-Malo Corret (1743-1800, dit « de la Tour d’Auvergne ») fils de notaire, républicain convaincu et membre du Corps législatif après le 18 brumaire, qui dans ses « Origines gauloises » appelle à « ressusciter la langue des Celtes, nos ancêtres » et à « rétablir (…) dans la liste des nations, les Gaulois, ce peuple célèbre« . Quant à l’abbé Sieyès (1748-1836) il invite dans son célèbre « Qu’est-ce que le Tiers-Etat » à « renvoyer dans les forêts de Franconie toutes les familles qui conservent la folle prétention d’être issues de la race des conquérants et d’avoir succédé à des droits de conquête»
A la Restauration, le comte François Dominique de Reynaud de Montlosier (1755-1838) fulmine en ces termes : « Race d’affranchis ! race d’esclaves arrachés de nos mains ! Peuple tributaire ! peuple nouveau, licence vous fut octroyée d’être libres et non pas d’être nobles : Pour nous tout est de droit, pour vous tout est de grâce ! Nous ne sommes pas de votre communauté ; nous sommes un tout par nous-mêmes ; votre origine est claire, la nôtre l’est aussi ; dispensez-vous de sanctionner nos titres, nous saurons nous mêmes les défendre » (De la Monarchie française) tandis que le comte de Jouffroy assène dans un article de « L’Observateur de la marine » en 1817 : « C’est notre race septentrionale (race des Francs) qui s’empara de la Gaule sans en extirper les vaincus, cette race franque, dont le nom devint synonyme de liberté, lorsque seule elle devint libre sur le sol qu’elle avait envahi ; cette race qui eut bon marché, dans la ténacité de son despotisme, de l’insouciance légère des Gaulois, sut léguer à ses successeurs (maintenant dépouillés contre tout droit) les terres de la conquête à posséder, les hommes de la conquête à régir » .
François Guizot, dans son livre « Du gouvernement de la France depuis la Restauration » paru en 1820, résumera les évènements en ces termes : « La révolution a été une guerre, la vraie guerre, telle que le monde la connaît entre peuples étrangers. Depuis plus de treize siècles, la France contenait un peuple vainqueur et un peuple vaincu (…) Francs et Gaulois, seigneurs et paysans, nobles et roturiers (…) la lutte a continué dans tous les âges, sous toutes les formes, avec toutes armes; et lorsqu’en 1789 les députés de la France entière ont été réunis dans une seule assemblée, les deux peuples se sont hâtés de reprendre leur vieille querelle (…) une bataille décisive a été livrée ; elle s’appelle la révolution » ; et de fait, à partir de la IIIème République on commença à enseigner aux Français que leurs ancêtres étaient les Gaulois.