Les évêques indiquent la voie dkne solution équi- table et réaliste, et ils résument leur programme en trois mots : sang-froid, amour et justice. Le sang-froid évitera les résolutions de désespoir ou des mesures spec- taculaires, plus nuisibles qu’utiles. L’amour sera le moteur et la lumibre de tout, étant entendu qu’il va de pair avec un effort effectif de justice. La justice recon- nait les droits des .autres, surtout ceux qui découlent de la nature humaine elle-même : Q: le droit à la vie, à la dignité, à l’entretien de l’existence, à l’exercice de la religion, à l’intégrité, à l’usage et au déploiement normal de ses capacités, au travail et à ses fruits, à la propriété privée et au bien-être, à séjourner et à circuler, à se marier, avoir des enfants et les élever, à se rassembler avec ses semblables B. Chaque point de cette énuméra- tion vise des restrictions dont sont concrCtement vic- times, chaque jour, les non-Européens en Afrique du Sud. Les évêques ajoutent d‘ailleurs encore d‘autres droits, moins fonciers, qui découlent de la nature sociale de l’homme : c le droit de vote pour la compo- sition des corps législatifs, le droit de recevoir une aide de l’Etat pour l’éducation, des secours pour les chô- meurs, une allocation pour les vieux, etc. s. L’Etat ne peut, poursuivent les évêques, ni mécon- naître les droits essentiels de l’homme, ni limiter arbi- trairement ceux du citoyen; sa mission est, au contraire, de créer ou de favoriser les meilleures conditions de leur exercice. Il ne porte d’ailleurs pas seul la charge d’un tel programme : les employeurs et tous ceux qui occupent des postes d’influence, partagent avec lui cette responsabilité.
Et Ies évêques de conclure en formulant ces principes, inspirés à la fois par l’amour, la justice et la prudence :
1. Une différence fondée exclusivement sur ia couleur est une injustice, une atteinte portée au droit et à la dignité qu’ont les non-Européens en tant que personnes humaines.
2. Bien que la plupart des droits fondamentaux des non-Européens soient respectés en théorie, l’exer- cice de ces droits est sérieusement empêché par la situation qu’engendre la législation raciale (par exemple la loi sur l’admission aux emplois), par les conventions sociales, par une administration ina- déquate. La destruction de la vie de famille en est un exemple. >
3. La justice exige que la posibilité soit assurée aux non-Européens de s’élever peu à peu à la pleine participation à la vie politique, économique et cul- turelle du pays.
4. Cette évolution ne peut se poursuivre avec succès sans de sérieux efforts de la part des non-Euro- péens, en vue de se préparer aux obligations corres- pondant aux droits auxquels ils aspirent. >
Nous avons tenu 5i résumer ou à citer largement ce remarquable document parce qu’il est un exemple achevé de l’attitude et de l’action de l’Eglise catholique en face de faits et de problèmes raciaux concrets.
Devs vult.
Source (1952) : https://unesdoc.unesco.org/in/rest/annotationSVC/DownloadWatermarkedAttachment/attach_import_32eedff4-7bfd-4a25-93fc-30ae8ac2a60d?_=133221freo.pdf