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La curiosité de l’homme est universelle. Tout en principe l’intéresse, politique, botanique, technique atomique, Dieu sait quoi encore. Il se penche même sur des choses qui ne sont pas de son ressort, la conservation des fruits, la préparation d’une pâte à pâtisserie, les soins des nourrissons. Un homme ne pourrait jamais porter en lui un bébé pendant neuf mois sans se renseigner complètement sur la fonction du placenta ou de ses ovaires.
L’homme ne se contente pas d’observer ce qui se passe autour de lui (et dans le monde), il l’interprète. Comme il tente de s’informer de tout, il lui devient facile de tout comparer, d’en déduire des principes qu’il utilise toujours dans le même but créer quelque chose d’autre, c’est-à-dire du nouveau.
Faut-il insister sur le fait que toutes les découvertes, toutes les inventions de ce monde ont été faites par des hommes, que ce soit dans les domaines de l’électricité, de l’aérodynamique, de la gynécologie, de la cybernétique, de la mécanique, de la physique des quanta, de l’hydraulique et de l’hérédité. Il en est de même des principes de la psychologie enfantine, de l’alimentation des nourrissons ou des conserves alimentaires. Il n’est pas jusqu’à l’évolution de la mode féminine, ou des banalités comme l’ordonnance des repas et les nuances de goût, qui ne soient traditionnellement du domaine de l’industrie masculine.
Et pourtant, l’homme qui réunit en lui toutes les conditions préalables pour jouir d’une vie riche, libre, digue d’un être humain, ~ renonce pour mener au contraire l’existence d’un esclave. Toutes ses facultés merveilleuses, il les met au service d’êtres qui en sont totalement démunis, au service de 1’«humanité», comme il dit, c’est-à-dire de la femme et des enfants de la femme. (Oui c'est bien vrai, car qui garde les enfants lors d'un divorce? On voit bien que dans les faits, il est obligé de prendre soin des enfants qui ne lui appartiennent pas du tout, mais qui appartiennent à la femmes presque exclusivement. (Mon commentaire)
Un homme jeune qui fonde une famille et sacrifie ensuite le reste de sa vie, plongé dans des activités abrutissantes, à nourrir sa femme et ses enfants, est - à ce qu’on affirme - un homme honorable. L’homme qui ne se lie pas, n’élève pas d’enfant, vit ici et là, fait tantôt ceci, tantôt cela, pour se nourrir lui et lui seul et parce que ça l’intéresse, et qui, lorsqu’il rencontre une femme, se comporte envers elle en être libre et non en esclave, est, d’après notre société, méprisable et à rejeter.
Rien n’est plus déprimant que de voir à quel point les hommes, jour après jour, trahissent tout ce pour quoi ils sont nés ; au lieu d’employer leur intelligence, leur force et leur merveilleuse énergie découvrir des mondes dont nul n’ose encore rêver, à explorer des sentiments dont nous ne soupçonnons pas encore la présence, alors qu’ils pourraient remplir leur vie d’une richesse infinie qui la rendrait enfin digne d’être vécue (cette vie qui n’est qu’à eux et que les femmes ne comprennent pas), n’est-il pas atroce de les voir renoncer à toutes ces possibilités extraordinaires pour s’obliger, de corps et d’esprit, à suivre l’ornière des besoins primitifs, répugnants, de la femme ?
Alors qu’il tient haut dans sa main la clef de toutes les énigmes de l’univers, l’homme s’abaisse de son plein gré au niveau de la femme pour accorder son jugement au sien. Il met au service de la conservation et de l’amélioration de ce qui est déjà, un esprit, une force et une imagination destinés à réaliser tout ce qui devrait être. Et quand il lui arrive de découvrir ce qui n’existe pas encore, il lui faut invoquer l’alibi que «toute l’humanité» (il veut dire la femme) en tirera tôt ou tard profit. Il s’excuse donc de ses prouesses, s’excuse de conquérir l’espace et de s’envoler jusqu’à la Lune au lieu de procurer un peu plus de confort physique à la femme et à ses enfants. Lors d’une nouvelle découverte, son effort le plus pénible est toujours de la traduire en langage féminin, par exemple dans le caquet infantile ou les chuchotements d’amour sirupeux des réclames télévisées, pour convaincre doucement la femme qu’elle peut se servir en toute tranquillité de la nouvelle acquisition.
Nous avons tellement pris l’habitude de voir les hommes faire tout ce qu’ils font par rapport à la femme que nous ne pensons pas qu’il puisse en être autrement. Par exemple, les compositeurs pourraient composer autre chose que des chansons d’amour (d’asservissement) ; les écrivains, s’intéresser non plus aux romans et aux poésies d’amour (d’asservissement), mais à l’art. Que se passerait-il si les peintres cessaient enfin de nous offrir leurs éternels nus et profils féminins, inutiles et conventionnels, pour nous présenter quelque chose de nouveau que nous n'aurions encore jamais vu ?